Au cœur d’un fantastique paysage de cônes et de pics aux formes singulières et aux couleurs flamboyantes surgit Axoum, située à 2130 mètres d’altitude sur le haut plateau tigréen dans le nord de l’Éthiopie. Capitale du royaume axoumite, berceau d’une des plus brillantes civilisations de l’histoire, elle possède d’importants vestiges datant du Ier au XIIIe siècle ; tombes royales, ruines de palais antiques et emblématiques stèles axoumites. La tradition éthiopienne relatée dans le Kebra Nagast, « Gloire des Rois », désigne depuis le IVe siècle, l’ère de la christianisation du pays, Axoum l’endroit où repose l’Arche d’alliance. Chaque année, le 30 novembre, est célébrée la fête la plus importante dédiée à Marie associée à la présence de l’Arche d’alliance à Axoum. Pour les Éthiopiens, ce pèlerinage est un immanquable, et le temps de quelques jours Axoum devient l’épicentre de l’Orthodoxie éthiopienne lorsque des centaines de milliers de fidèles se déplacent pour assister aux cérémonies. Nous sommes le 28 novembre.
Immersion dans la fête d’Hidar Sion, Axoum, Éthiopie, novembre 2012.
À l’occasion de cette fête, une foule de fidèles converge vers Axoum. Nous les avons aperçu tout au long de cette longue journée de route depuis Gondar. Des autocars brinquebalants et des minibus remplis à craquer transportent les pèlerins qui viennent de toutes les régions du pays. Les autres, les plus démunis se déplacent à pied. Depuis notre arrivée en Éthiopie nous avons été frappés par le grand nombre de gens marchant sur les routes. À l’approche d’Axoum, ce nombre a considérablement augmenté. De longues files de piétons s’étirent le long des pistes, les hommes drapés de leur gabi, grande et épaisse étoffe blanche, les femmes couvertes du netalas, foulard fin, blanc, enfants à la main ou sur le dos. Certains sont vêtus d’habits occidentaux, d’autres de façon traditionnelle. Parfois ils portent des chaussures, le plus souvent en plastique, nombreux sont ceux qui avancent pieds nus. Tous sont envahis par une profonde dévotion. Tous rayonnent de simplicité et de bonté. Ils se rendent à Axoum pour rendre hommage à Maryam Tsion et pour célébrer l’arrivée de l’Arche d’alliance dans le pays d’Abyssinie.
Après douze heures de piste, nous arrivons à Axoum à l’instant même où le soleil plonge à l’horizon. La ville est animée, elle se prépare pour la fête. Les hôtels affichent complet, les restaurants sont combles. La grande rue menant aux églises est bordée d’étales proposant parapluies de velours brodés d’or, chasse-mouches, meqwâmiyas ; bâtons de prière, vannerie, bijoux, icônes, croix, chapeaux, et les articles faits de shama, le coton éthiopien : kemis, robes traditionnelles, netalas et gabis. Une foule immense arpente les rues et l’esplanade devant le champ de stèles. Dans les jardins de l’église campent des milliers de personnes. Des effluves d’encens flottent dans l’air, des chants résonnent.
Au Consolar International Hotel, tout un programme !, nous sommes chaleureusement accueillis par le propriétaire et son directeur. Après notre longue route depuis Gondar nous dînons en vitesse et filons sous la douche, alléluia ! il y a de l’eau et, comble de luxe, elle est chaude ! pour nous débarrasser de la poussière accumulée tout au long de la journée. Mais, plus tard, une fois au lit, et en dépit de ma fatigue, je n’arrive pas à m’endormir. Être à Axoum me remplit d’un sentiment étrange. Loin de l’image de la capitale légendaire d’un royaume prospère, cité de la célèbre reine de Saba, Axoum ne dégage aucune atmosphère particulière. La ville est moderne et sans âme. Pourtant, Axoum, de par son nom, évoque des émotions liées à la mystérieuse reine de Saba et à l’Arche d’alliance. Je me retourne et remonte les draps trop courts ; mes pieds effleurent maintenant la couverture. Je fixe la lumière bleu et rouge qui clignote sur la façade de l’hôtel. Et si ce n’était pas seulement une légende ? Peut-être sommes nous bien au royaume de la reine de Saba et tout près de l’Arche d’alliance…
Le Kebra Nagast, « La Gloire des Rois », récit épique du XIVe siècle, cite au sujet de l’Arche d’alliance : « Et quant à l’Arche d’alliance… Son existence est pure merveille. Elle captive l’œil, frappe l’esprit, laisse pantois d’admiration, œuvre toute spirituelle et de compassion, objet céleste d’une éblouissante lumière. Symbole de liberté et de divinité, sa place est au ciel et sa mission sur terre ».
L’histoire de l’Arche d’alliance commence avec Moïse, prophète, libérateur, législateur et chef du peuple hébreu. Vers 1250 avant Jésus-Christ un prêtre égyptien au service du pharaon, fait une prophétie annonçant qu’un nouveau né de la communauté hébraïque, en esclavage en Égypte depuis quatre cent ans, va délivrer son peuple. Le pharaon ordonne alors que chaque enfant mâle qui viendra à naître chez les Hébreux devra être mis à mort par noyade. Dans l’espoir de sauver leur nouveau-né, les parents de Moïse le placent dans un panier qu’ils abandonnent sur le Nil. La fille du Pharaon découvre le nourrisson sur la rive du fleuve. Elle l’adopte et l’appelle Moïse. C’est ainsi que Moïse va grandir au sein de la famille royale et reçoit l’éducation d’un prince. « Il fut élevé dans toute la science des Égyptiens », déclare la Bible. Lettres, poésie, philosophie, mathématique, géométrie, astronomie, médecine, anatomie, physiologie et mystères ésotériques et initiatiques que transmettaient les prêtres dans les temples. À l’âge de quarante ans, il découvre ses origines et des difficiles conditions de vie de ses frères de sang. Le jour où il tue un contremaître égyptien qui bât un Hébreu son destin est scellé. Il n’a d’autre choix que de s’enfuir. Il va se cacher dans le désert de Madian où vivent des tribus nomades. Là, il fait la connaissance de Séphora, la fille du prêtre et berger Jéthro et il l’épouse. Un jour, alors qu’il garde les troupeaux de son beau-père, il aperçoit un buisson qui brûle sans se consumer et de l’intérieur une voix lui ordonne de libérer le peuple hébreu. Moïse se rend auprès du pharaon accompagné de son frère Aaron et tente de persuader le pharaon de laisser les Hébreux quitter l’Égypte en le menaçant de terribles fléaux. Le monarque refuse et l’Égypte est frappé de catastrophes. Le pharaon finit par céder après la dixième plaie. Moïse guide alors son peuple et quitte l’Égypte en traversant la mer Rouge. Les eaux se referment sur l’armée égyptienne qui tente de les rattraper. Il conduit ensuite les Hébreux au pied du mont Sinaï.
L’Exode raconte : « Et la gloire de l’Éternel demeura sur le mont Sinaï, et la nuée le couvrit pendant six jours, et au septième jour il appela Moïse du milieu de la nuée. Et l’aspect de la gloire de l’Éternel était comme un feu dévorant, au sommet de la montagne, aux yeux des enfants d’Israël. Et Moïse entra au milieu de la nuée et monta sur la montagne ; et Moïse fut sur la montagne quarante jours et quarante nuits ». Lorsqu’enfin Moïse descend du mont Sinaï en possession des Tables de la loi, les dix commandements, il voit les Hébreux, sous la conduite de son frère Aaron, adorer un veau d’or, interdit par le troisième commandement. Il est pris d’une colère si grande qu’il fracasse les Tables de la loi sur un rocher. Moïse doit alors retourner au sommet du mont Sinaï afin de recevoir de nouvelles tables. Image peint par José Ribera en 1638. Lorsqu’il revient il a également reçu des instructions pour la construction d’un coffre qui recevra les Tables de la loi.
La Bible nous donne la description de l’Arche dans le récit de l’Exode. « L’Éternel parla à Moïse et dit : Parle aux enfants d’Israël. Ils feront donc une arche en bois d’acacia, longue de deux coudées et demie, large d’une coudée et demie, haute d’une coudée et demie. Tu la couvriras d’or pur ; tu la couvriras en dedans et en dehors, et tu y feras une bordure d’or tout autour. Tu fondras pour elle quatre anneaux d’or et tu les mettras à ses quatre coins, deux anneaux d’un côté et deux anneaux de l’autre côté. Tu feras des barres de bois d’acacia et tu les couvriras d’or. Tu passeras les barres dans les anneaux sur les côtés de l’Arche, pour qu’elles servent à porter l’Arche ; les barres resteront dans les anneaux de l’Arche et n’en seront pas retirées. Tu mettras dans l’Arche le témoignage que je te donnerai. Tu feras un propitiatoire d’or pur ; sa longueur sera de deux coudées et demie, sa largeur d’une coudée et demie. Tu feras deux chérubins d’or, tu les feras d’or battu aux deux extrémités du propitiatoire ; fais un chérubin d’une extrémité, et fais un chérubin à l’autre extrémité ; vous ferez les chérubins sortant du propitiatoire à ses deux extrémités. Les chérubins étendront leurs ailes par-dessus, couvrant de leurs ailes le propitiatoire, et se faisant face l’un à l’autre ; les chérubins auront la face tournée vers le propitiatoire. Tu mettras le propitiatoire sur l’Arche, et tu mettras dans l’Arche le témoignage que je te donnerai. C’est là que je me rencontrerai avec toi ; du haut du propitiatoire, entre les deux chérubins placés sur l’Arche du témoignage, je te donnerai tous mes ordres pour les enfants d’Israël ». Ce coffre, L’Arche, reflète une grande influence égyptienne. Moïse, ayant reçu une éducation accomplie en Égypte, a sans doute été inspiré par les formes et les décors égyptiens.
L’Arche, l’alliance de Dieu, abritée dans le tabernacle, quitte le mont Sinaï. Pendant les siècles qui s’écoulent avant que l’Arche d’alliance soit placée dans le saint des saints du Temple de Jérusalem édifié par le roi Salomon, elle est associée à de nombreux phénomènes extraordinaires, souvent liés à la brûlure ou à la mort d’un grand nombre de personnes. Selon la légende le spectacle de l’Arche serait insupportablement radieux et tue le commun des mortels. C’est la raison pour laquelle elle était toujours montrée bâchée lors des cérémonies publiques. Est-ce l’étincellement de l’or dont elle fut recouverte qui lui prête une brillance amplifiée par les imaginations au niveau du surnaturel ou une radioactivité émanée d’un météorite ? Car certains récits rapportent que l’Arche contiendrait un bétyle, une « pierre céleste », une « divinité tombée du ciel », une pierre sacrée désignée chez de nombreux peuples anciens par le nom de « pierre noire » souvent objet d’un culte.
Puis, à un moment sombre dans l’histoire, l’Arche disparaît du saint des saints du Temple. Est-elle emportée par Menelik au IXe siècle avant Jésus-Christ et déposée à Tana Kirkos, une île sur le lac Tana comme le certifie le Kebra Nagast ? Ou encore fut-elle enlevée par les prêtres fuyant le régime idolâtre du roi de Juda Manassé au VIIe siècle avant Jésus-Christ et emmenée sur l’île d’Éléphantine en Égypte, puis à Tana Kirkos lors d’un conflit avec les Égyptiens suite au sacrifice d’un bélier, le dieu égyptien Amon ? Tant de controverses, tant d’énigmes. Je me lève pour tirer le drap vers le bas car la couverture chatouille mes pieds, puis je me recouche. L’oreiller est dur comme du bois et je pousse un soupire d’agacement. Puis je pense aux pèlerins qui campent à même le sol dans l’enclos de l’église. Je relativise.
Le lendemain matin nous sommes bien reposés et avons hâte de découvrir Axoum. Il fait grand beau et en dépit de l’altitude il fait déjà chaud. À neuf heures nous nous trouvons sur le site de May Hedja, le champ de stèles. Ils sont les plus remarquables vestiges du véritable âge d’or d’Axoum, qui débute au Ier siècle de notre ère. Actuellement, dans les environs d’Axoum, on dénombre plus de trois cent stèles, de la simple pierre aux grandioses stèles géantes en granite gris sculptées. Elles figurent parmi les plus grands monolithes façonnés par l’homme. Les plus remarquables sont ornées sur leurs quatre faces, elles symbolisent vraisemblablement une maison de plusieurs étages munie d’une porte à serrure et des rangées de fenêtres. Le sommet, qui arborait à l’origine une décoration métallique, est taillé en demi-cercle ou en arc typiquement axoumite dite « tête de singe ».
Symboles de puissance et véhicule entre la terre et le ciel, les stèles marquent l’emplacement des tombeaux des souverains de l’empire axoumite dont celle du roi Ezana, le premier roi convertit au christianisme au IVe siècle. Des salles funéraires élaborées ont été mises au jour. Nous nous approchons de la plus monumentale de ces stèles qui gît à terre, brisée en quatre morceaux. D’une hauteur de trente trois mètres, son poids dépasse quatre cent tonnes ! Il n’y a qu’en Égypte où existent de stèles comparables sous la forme d’obélisques. Nous nous posons la question évidente : comment les anciens ont-ils pu tailler, déplacer, ériger un tel monolithe ? Pour les Éthiopiens il n’y a aucun doute ; c’est grâce à la puissance de l’Arche d’alliance.
Nous parcourons le site parmi d’immenses bougainvilliers ; magnifiques bouquets rose fuchsia, et une foule de pèlerins. Les prêtres, nombreux, tenant le bâton, portent de longues robes et sont coiffés de turbans. Des familles entières sont drapées de blanc tandis que des couples aisés d’Addis Abeba sont vêtus avec plus de sophistication, les femmes portant robes blanches brodées de croix rouge ou verte, les hommes le costume occidental. L’atmosphère est joyeuse, c’est un jour de fête. Nous observons toute cette animation dans le petit café au fond du jardin, enveloppés des aromes des fèves grillées et d’encens. Des instants sereins.
La place devant le champ de stèles est animée. Voitures, bus, ânes, dromadaires et charrettes ne cessent de circuler. Des pèlerins affluent, les vendeurs vantent leurs marchandises, de petits groupes d’enfants s’approchent de nous. Faranji ! faranji !, « étranger » en amharique, crient-ils. Nous nous attendons à la suite, inévitable : birr, birr. Le birr est la monnaie locale. Elle ne vient pas. What is your name ? Quel est ton nom ? Where are you from ? D’où viens-tu ? Et l’éclatement de la troupe en riant lorsque le vocabulaire manque. Le tout sous les regards amusés des adultes. Gentillesse, douceur, calme, omniprésents chez ce peuple de hauts plateaux.
Nous nous dirigeons vers le nord-est de la ville en contournant l’immense réservoir d’eau de May Shum, la « piscine de la reine de Saba ». Taillé dans l’Antiquité, il fut régulièrement agrandi et consolidé. Le niveau de l’eau est au plus bas et les femmes qui viennent remplir leurs bidons de plastique jaune sont obligées de s’arrêter sur la dernière marche d’une volée d’escaliers abrupts qui permet de descendre vers cette eau stagnante limoneuse. Depuis l’arrivée du christianisme, le réservoir est utilisé pour les rituels du baptême pendant la fête de Timkat.
Laissant le bassin derrière nous, nous empruntons la piste caillouteuse, raide et étroite, vers le « tombeau du roi Kaleb ». À mi-chemin nous abandonnons le minibus qui refuse de poursuivre l’ascension et nous continuons à pied. Le paysage se résume aux tons vert et ocre. D’étranges formations rocheuses jaillissent du plateau. Il fait chaud et je me protège du soleil avec un foulard.
Sur une terrasse au pied du mont Likanos subsistent les ruines d’un édifice datant du VIe siècle abritant les tombeaux du roi Khaleb et de son fils, Gebre Meskal. Ici aussi, beaucoup d’Éthiopiens se baladent et nous demandent d’être pris en photo avec eux, requête à laquelle nous cédons volontiers. Lorsque Mikael, notre guide, s’excuse pour ce dérangement, nous nous hâtons de le rassurer. Pour nous, ce contact sincère avec la population, gentille, polie et enthousiaste, est un privilège. Mikael justifie la démarche des gens avec une explication pour le moins étonnante. Dans la peinture religieuse éthiopienne, les personnages bibliques, saints et anges, ont les cheveux noirs crépus, la peau noire, la bouche bien dessinée, le nez longs et de yeux très grand avec la pupille et l’iris noirs. Par contre, la vierge Marie est le plus souvent représentée la peau blanche, aux yeux et la chevelure clairs. Mikael me regarde, l’air très sérieux, et me dit que, avec ma peau claire, mes yeux verts, mes cheveux bouclés blonds et mon foulard de couleur parme, je représente pour eux un peu la vierge Marie. Pas certaine de savoir quoi penser de cette allusion, je souris, gênée, et échange un regard avec Philippe qui m’adresse un clin d’œil malicieux.
Attestée dès le IIIe siècle après Jésus-Christ, le ge’ez est une langue parlée en Éthiopie jusqu’au XIVe siècle. Écrit à l’aide d’un alphasyllabaire, ensemble de signes utilisés pour représenter les phonèmes d’une langue, les premiers écrits en ge’ez utilisent un alphabet d’origine sud-sémitique composé uniquement de consonnes. L’alphasyllabaire ge’ez est utilisé pour d’autres langues, principalement sémitiques, de la Corne de l’Afrique comme l’amharique et le tigrinya. Le ge’ez est resté la langue savante de l’Éthiopie jusqu’au XIXe siècle mais aujourd’hui utilisée uniquement comme langue liturgique. Le ge’ez pouvait s’écrire en boustrophédon. Un vieil Éthiopien au visage marqué de profondes rides vêtu d’un uniforme militaire avec galons, casquette et ceinture, garde le minuscule bâtiment qui protège la pierre d’Ezena. Cette pierre, découverte par un paysan alors qu’il labourait son champ, présente une inscription gravée en trois langues : sabéen, grec et ge’ez, qui raconte comment le christianisme a pu se développer dans la région d’Axoum sous le règne du roi Ezana. Ezana, qui, vers l’an 320 de notre ère, vulgarise l’écriture ge’ez fabriquée à partir de celle des Sabéens. En même temps il adopte le christianisme auquel la nation est, depuis, restée fidèle. Ce christianisme se distingue par des traits originaux. D’esprit très biblique, il incline parfois vers le judaïsme dont des traces indiscutables restent encore présentes dans ses mythes et dans ses pratiques. La nouvelle religion construit des églises dont les lignes rappellent celles des temples axoumites utilisant des éléments décoratifs venus d’Arabie, de Syrie, de Perse et de l’Egypte copte. De nombreux monastères apparaissent dans lesquels se constitua une littérature faite, au début, de traductions.
En route pour l’extérieur de la ville nous nous arrêtons boire un petit café dans une échoppe au bord de la route. Depuis le début de l’année l’état a mis en place un système permettant aux femmes de bénéficier d’une aide financière pour créer ou développer une entreprise. Moins susceptibles de posséder un patrimoine, des terres ou une maison pouvant être une garantie aux emprunts, elles sont aussi souvent moins éduquées et se heurtent aux coutumes discriminatoires. L’accès des femmes aux ressources économiques favorise l’égalité entre les sexes et permettent aux femmes de contrôler leurs revenues.
Le 7 mai 2008, une équipe d’archéologues allemands dirigée par le professeur Helmut Ziegert de l’Université d’Hambourg a rapporté avoir découvert le palais de la reine de Saba sur le site de l’antique ville de Dungur, quelques kilomètres à l’extérieur de la ville d’Axoum. Les vestiges retrouvés, datés du Xème siècle avant notre ère, se situent en dessous du palais d’un roi chrétien du VIe siècle, peut-être celui du roi Kaleb. Cette découverte est très controversée et soulève de nombreux doutes. Néanmoins, le site, qui étend sa forme de quadrilatère irrégulier sur une surface de près de trois mille mètres carrés, est impressionnant, et j’aimerais croire qu’il s’agisse du palais de la reine. Il fait chaud, le ciel est limpide et le soleil darde ses rayons sur la plaine aride. Nous pénétrons dans l’enceinte. Des murs de pierres en basalte rouge et gris, une volée de marches monumentale, de nombreuses pièces et de couloirs, des escaliers. Un palais, certainement, mais ce seraient réellement les pas de Makada qui ont résonné en ces lieux…?
Au Xe siècle avant Jésus-Christ règne sur le royaume de Saba une reine dont la sagesse est aussi légendaire que ses richesses et sa beauté. L’empire s’étend du Yémen à l’Éthiopie et prospère grâce au commerce avec Jérusalem et l’empire romain. Un jour, la reine, nommée Makada, s’invite à la cour du roi Salomon à Jérusalem pour connaître sa sagesse légendaire. L’Ancien Testament décrit : « Elle arriva à Jérusalem avec une suite fort nombreuse, et avec des chameaux portant des aromates, de l’or en très grande quantité et des pierres précieuses ». Ayant préparé de nombreuses énigmes, Salomon l’éclaire sur toutes ses questions l’impressionnant par ses connaissances. Selon la légende éthiopienne, rapportée dans le récit du Kebra Nagast, « La Gloire des Rois », rédigé au XIVe siècle par un moine orthodoxe, le roi Salomon, séduit par la beauté de Makada, lui propose de devenir sa femme, mais elle refuse car il en avait déjà « mille ». Il lui promet alors de ne rien lui demander si elle accepte de ne rien prendre dans son palais. Si d’aventure elle rompait cette promesse, il aurait le droit de lui demander une faveur qu’elle ne pourrait refuser. Indignée, puis amusée, elle accepte. Une nuit, après avoir assisté à un banquet où la nourriture était épicée, elle se réveille assoiffée. Elle se rue vers une cruche remplie d’eau fraiche et bois avec avidité. Salomon, qui l’observe, lui rappelle sa promesse. Elle proteste : « mais ce n’est que de l’eau ! » Le roi rétorque : « c’est la chose la plus précieuse qui soit ». Il lui demande de partager sa couche. Ainsi les deux souverains s’unissent. Puis arrive le jour où la reine décide de rentrer dans son royaume. Au moment du départ, Salomon lui présente un anneau et lui dit : « Prend-le afin de ne pas m’oublier et si jamais j’ai une descendance de ton sein que ceci en soit le signe. Si c’est un garçon laisse-le venir à moi ». La nuit du départ de la reine, Salomon a un rêve dans lequel le soleil quitte la Judée.
Makada, reine de Saba, met au monde un fils et l’appelle Menelik. À l’âge de vingt-deux ans, Menelik se rend auprès de Salomon. Ravi de rencontrer ce fils, le roi tente de le convaincre de rester et de lui succéder comme roi de Juda et d’Israël, mais Menelik insiste pour retourner chez sa mère. Il demande seulement un morceau de l’étoffe couvrant l’Arche d’alliance sur quoi son père lui donne le drap entier. Dans les chapitres quarante-cinq jusqu’à quarante-huit du Kebra Nagast, le texte relate que Salomon décida de laisser son fils repartir à la seule condition que chaque famille noble envoie son premier né au royaume de Saba avec son fils parmi lesquels des prêtres lévites et le gardien de l’Arche. Contrariés, les jeunes gens, forcés de quitter Jérusalem, dérobent l’Arche d’alliance du saint des saints du Temple. Apprenant le vol de l’Arche, Salomon envoie ses chevaliers à la poursuite de Menelik, mais ordonne à ses commandants de ne pas poursuivre son fils au-delà de la terre ferme. Dans sa sagesse le roi reconnait que l’Arche ne se déplace que par sa volonté et que si Menelik traversait la mer c’est que Dieu l’eut voulu ainsi.
Lorsque Menelik découvre que l’Arche est en sa possession, il décide de créer en son pays une « seconde Sion » ou « nouvelle Sion », une nouvelle Terre sainte. Le déplacement du caractère sacré de l’Arche d’alliance est retracé de la manière suivante dans la Gloire des Rois : « Car Dieu avait accueilli les peuples perdus et il avait repoussé le royaume de Juda, parce que Sion avait été emmenée loin d’Israël et était apparue en Ethiopie, là où Dieu désirait que Sion demeure. » De retour au royaume de Saba, Menelik est intronisé roi des rois, de l’amharique negusse negest, titre porté par les empereurs éthiopiens. Le terme « négus » qui en découle est plus couramment utilisé. Menelik Ier, fils de Makeda et de Salomon, inaugure ainsi la longue lignée dynastique des empereurs salomonides. Son ascendance davidique témoigne de son attachement à Dieu. L’Arche d’alliance, après un nombre incertain de siècles à Tana Kirkos, est finalement apportée à Axoum en 331 de notre ère lors de la christianisation de l’Abyssinie et placée dans le saint des saints de l’église Sainte-Marie-de-Sion.
La légende raconte qu’en des temps lointains, le site d’Axoum n’était qu’un marécage habité par des esprits maléfiques. Dieu a donc aidé la population. Il est descendu des cieux et, depuis la colline de Makade Egzi, il a jeté de la poussière miraculeuse pour assécher le marécage et chargé la région d’un pouvoir magique. D’innombrables sanctuaires furent édifiés pour lui rendre grâce et c’est donc sur ce lieu sacré que fut fondé la cité d’Axoum. En 331, le moine syrien Frumentius convertit au christianisme le roi Ezana. Sur les fondations des temples païens fut édifiée l’église Maryam Seyon. L’Arche d’alliance y fut déposée. Deux siècles plus tard, le roi Khaleb bâtit, probablement sur le site de l’église primitive, une cathédrale monumentale digne de la capitale de l’empire. L’église Sainte-Marie-de-Sion comptait cinq nefs et sept autels et était décorée de magnifiques fresques. Détruite au Xe siècle par les armées de la reine juive Gudit, elle fut reconstruite au XIIe siècle.
L’explorateur portugais Fransisco Alvarez la visite en 1520. Il écrit que « l’église est très grande, et comprend cinq nefs dont les voûtes sont dissimulées par le plafond. Celui-ci, de même que les parois de l’édifice, est entièrement décoré de fresques peintes. Son architecture comporte également un chœur semblable à celui de nos monuments religieux. L’église possède enfin un vaste déambulatoire dont les dalles ressemblent à des pierres tombales, ainsi qu’une enceinte fermée par de hauts murs ». Vingt ans plus tard, elle fut définitivement rasée par les armées de l’imam Ahmed Ibn Ibrahim, al-Ghazi. Reconstruite par l’empereur d’Éthiopie Gelawdewos, negusse negest entre 1540 et 1559, près du site de l’église originale, elle fut agrandie par les Fasilades durant le XVIIe siècle.
En 1955, pour commémorer son jubilé d’argent, le négus Hailé Sélassié fonde la nouvelle église Maryam Seyon dans l’enceinte même de l’ancienne église. Complétée en 1964, l’empereur interrompt la visite d’état de la reine Elisabeth II pour assister à l’inauguration. La souveraine britannique honora le sanctuaire de sa présence quelques jours plus tard. Contrairement à l’ancienne église, interdite aux femmes, la nouvelle église leur est accessible. En 1965, Hailé Sélassié bâti une chapelle à côté de l’ancienne église pour abriter les trésors de l’église et l’Arche d’alliance. La renaissance de ses cendres de l’église Sainte-Marie-de Sion au cours des siècles, symbolise le triomphe de l’église et la nation d’Éthiopie.
Au milieu de l’après-midi, la foule est immense. Une messe est dite à la nouvelle église et des milliers de dévots, pieds nus, enveloppés dans le shama blanc y assistent. Le sanctuaire est comble, les fidèles se tassent devant les portes, sur le parvis et dans les jardins. Ceux qui ont la chance de se trouver près de l’église appuient le front contre ses murs. Depuis les hauts parleurs nous parviennent les voix des prêtres. Des prières interminables, marmonnées, chantées, parfois chuchotées, parfois hurlées. La foule répond, baisse la tête, s’agenouille, avance les mains et pose le front sur le sol poussiéreux dans un geste rappelant la prière des musulmans.
De nombreux diacres, prêtres et moines, silhouettes colorées au milieu de cette masse humaine blanche, sillonnent les lieux, armés d’un bâton de prière et d’un chasse-mouche en crin de cheval. J’observe discrètement ces gens portés par leur religion. En dépit de leur apparente pauvreté, ils émanent une grande dignité, une immense spiritualité. Nous évoluons à travers la foule, suivis de regards pleins de douceur, plein de compassion. Jamais, à aucun moment, nous nous sentons les intrus que nous sommes. Emportés par les effluves d’encens, entourés par les mélopées incantatoires, envoûtés par les prières, nous célébrons à notre manière la fête d’Hidar Sion.
Le grand mystère qui enveloppe la ville sainte des Éthiopiens est celle de l’Arche d’alliance, le coffre contenant les Tables de la loi. La fête est associée avec la conviction que Marie est le symbole même de l’Arche de l’alliance car elle a accueilli Jésus en son sein. Pour l’Ancien Testament, l’Arche est le symbole de la présence de Dieu parmi son peuple. Mais le Nouveau Testament estime que le symbole a laissé la place à la réalité et que la véritable Arche de l’alliance est une personne vivante et concrète en la personne de la Vierge Marie. « Dieu n’habite pas un meuble, Dieu réside dans la personne qui a porté dans son sein le fils éternel de Dieu fait homme, Jésus, notre sauveur. Dans l’Arche étaient conservées les deux tables de la loi de Moïse, le pacte de Dieu et l’alliance de Dieu avec son peuple conduisant à notre vérité profonde. Marie est l’Arche de l’alliance car elle a accueilli en elle Jésus ; la parole vivante, la volonté de Dieu, de la vérité de Dieu. Marie est l’alliance nouvelle et éternelle. » La piété chrétienne, dans les litanies en l’honneur de la Vierge, s’adresse à elle en l’invoquant comme Foederis Arca, c’est-à-dire « Arche de l’alliance », arche de la présence de Dieu, arche de l’alliance d’amour que Dieu a voulu établir de façon définitive avec toute l’humanité dans le Christ.
La reine Gudit, une femme, a détruit l’ancienne église, elle n’est désormais plus accessible aux femmes et je me sépare de Philippe. Il pénètre dans le sanctuaire et se retrouve submergé dans une atmosphère envoûtante. D’aspect dépouillé, quatre piliers massifs partagent l’espace en trois nefs. La nef centrale est surmontée d’une coupole. Des tableaux colorés représentent des scènes bibliques. D’innombrables diacres, prêtres, moines vêtus de robes d’apparat de couleurs chatoyantes, bâton de prière et chasse-mouches à la main, récitent des prières, chantent. Le son grave des tambours et l’étincelante sonorité des tsânatsel, sistres, résonnent. L’air est saturé de volutes d’encens. Philippe n’a qu’une pensée : l’impression d’être à l’intérieur du temple de Salomon !
Tout près, une chapelle est supposée renfermer l’Arche d’alliance. Nul n’a le droit de rentrer et même le négus n’avait pas le droit de voir la relique car, selon la légende, elle deviendrait invisible. Le grand prêtre d’Axoum, un moine respecté, élu à vie, en a la garde. Il vit reclus à l’intérieur de l’enceinte de la chapelle, sans jamais en sortir. Sa vie est consacrée à veiller sur l’Arche jusqu’à la fin de ses jours et sur son lit de mort il désignera son successeur. Actuellement, l’homme à qui reviennent cet honneur et ce fardeau se nomme Abba Tesfa Mariam. Il est le trentième d’une longue lignée de gardiens sacrés. Les rares journalistes ou historiens qui ont eu le privilège de poser des questions au gardien à travers la grille qui entoure la chapelle ont eu des réponses comme : « Je ne peux rien vous dire sur elle. Aucun roi ni aucun pape ne peuvent la voir, seulement moi. C’est ainsi depuis que Menelik a rapporté l’Arche il y a trois mille ans » ou « elle déchaînerait son terrible pouvoir sur vous, et vous seriez incinérés sur le champ ».
Il fait nuit. Le ciel est dominé par une lune, qui, pleine hier, est à peine décroissante. Elle diffuse une intense clarté effaçant la brillance des étoiles. Dans l’enclos des églises règne une atmosphère de profonde dévotion. Chaque centimètre carré est occupé par les pèlerins. Ils sont assis sur le sol en petit groupe, en famille, entre amis. Des bébés dorment, aveugles et sourds à l’agitation et aux bruits. À la lueur des bougies, les fidèles chantent, prient, bavardent. Beaucoup de femmes portent de jolies robes brodées, le voile blanc recouvrant leurs têtes et leurs épaules, les hommes sont drapés dans le gabi. Les vieillards se cramponnent à leur bâton et les enfants, yeux grands ouverts, suivent les événements avec curiosité et fascination. Tous portent une petite croix au cou ; en argent, en fer, en bois, en pierre. Autour de la nouvelle église déambule une foule dense drapée de blanc en constant mouvement, inlassablement. Elle chante doucement. Des ombrelles colorées brodées de fils d’or brillent dans la nuit et dans les flammes des chandelles. Un peu plus loin, dans le pénombre, a lieu une scène de pénitence. Une dizaine de femmes tourne autour d’un prêtre qui chante un étrange cantique. Des cris stridents déchirent le ciel nocturne. Soudain, une femme hurle, se jette à terre, se roule dans la poussière. Le cercle poursuit stoïquement son cérémonial.
Le temps semble suspendu, les scènes auxquelles nous assistons nous viennent de la profondeur des âges. L’Église éthiopienne monophysite est restée étroitement liée au christianisme des origines, fortement imprégnée de judaïsme, et ce soir, ici, à Axoum, les temps bibliques renaissent. Deux millénaires viennent d’être effacés. L’image de tous ces croyants enveloppés de shama blanc auréolés par les flammes des bougies est insolite. Les murmures de chants liturgiques nous viennent en vague, solennels. La ferveur religieuse des Ethiopiens, nourrie de légendes, fait naître les espoirs. Loin du monde moderne et matérialiste que nous connaissons, en Éthiopie, une bénédiction est le plus beau cadeau que l’on puisse offrir à quelqu’un.
Le soleil verse une éblouissante lumière sur Axoum. Nous sommes le 30 novembre et il est sept heures du matin. Il nous a fallut plus de trente minutes pour remonter la grande rue jusqu’à l’esplanade où se déroule la grande messe de la fête d’Hidar Sion. La foule est encore plus dense que les jours précédents. Les femmes sont vêtues de leurs plus belles robes, drapées de leurs plus précieux foulards. Leurs coiffures sont complexes : les cheveux sont tressés dans d’ingénieux motifs sur le devant laissant une épaisse touffe libre dans la nuque. Parfois, ils sont ornés de bijoux, disques d’or ou d’argent.
Le clergé au grand complet est paré de robes d’apparat et de toges les plus somptueuses. Ils s’abritent du soleil sous des ombrelles chamarrées, rehaussées de broderies et de franges. Les grandes croix de procession sont étincelantes d’or, d’argent et de pierres précieuses. Des prières interminables sont amplifiées par les haut-parleurs. Nous sommes priés de nous avancer. Gênés, nous refusons. On insiste. Nous sommes des faranji, des étrangers. Nous sommes leurs invités. En marmonnant d’incessants « sorry, thank you », nous nous frayons un chemin à travers la mare humaine, dense et odorante. Parvenus sur le devant de la scène, à la lisière de l’espace dégagé, nous contemplons avec fascination le déroulement de la messe.
Dominée par les gigantesques stèles d’Axoum, une troupe de diacres, drapée dans de larges aubes en étoffes damassées, brochées de fils d’or, face à face, exécute les mouvements hiératiques d’une danse. Quelques pas en avant, quelques pas en arrière. Les bâtons de prière sont levés, de larges mouvements de bras font tinter la sonorité légère des sistres. Après de longs instants, ils s’immobilisent. Le clergé, appuyé sur des bâtons de prière entame un chant liturgique. Prêtres et diacres agitent des encensoirs, brandissent des chasse-mouches. Les croix sont levées vers le ciel. L’atmosphère est solennelle et festive à la fois. Le soleil est impitoyable et sachant que la messe va durer au moins trois heures, nous nous échappons discrètement laissant au peuple d’Ethiopie la bénédiction suprême.
Pendant que la fête de l’Arche d’alliance atteint son apogée, le mystère demeure. L’Arche d’alliance est-elle réellement enfermée dans cette chapelle de l’église de Sainte-Marie-de-Sion ? Comment percer à jour ce mystère ? La tradition de l’Église orthodoxe éthiopienne veut que chaque église possède dans son maqdas, saint des saints, un tabot. Le terme ge’ez tabot vient de l’hébreu tebah, signifiant « coffre » et se réfère à une réplique de l’Arche d’alliance. Dans la plupart des églises, il ne s’agit pas d’une arche mais seulement de son contenu : les Tables de la loi. Faites de bois ou de pierre, elles représentent ce que l’Arche recèle de plus important. Lors des festivités du Timkat, « immersion » en ge’ez, les tabots sortent des saint des saints des églises au son de cloches portés sur la tête par un prêtre. Le tabot est encensé et la procession se met en branle accompagnée par les battements des tambours, le tintement des sistres et des chants. Une danse liturgique accomplie devant le tabot évoque le roi David qui dansait devant l’Arche d’alliance. La foule se dirige vers une source ou un bassin où les fidèles sont aspergés d’eau sainte ou immergés. Selon des sources fiables le seul tabot qui ne quitte pas son emplacement ce jour-là est celui abrité dans la chapelle de Sainte-Marie-de-Sion. Mais un doute s’empare de moi. En sachant que chaque église d’Éthiopie recèle dans son maqdas un tabot, comment savoir où est cachée la vraie Arche d’alliance ? Car « if you want to hide a tree, put it in the forest », « si vous voulez cacher un arbre, mettez le dans la forêt »…
© Texte & photos (sauf images d’archives) : Annette Rossi.
Image d’en tête : Femmes drapées de shama blanc lors de la fête d’Hidar Sion.