Au-delà de l’horizon… Pagodes par milliers.

Dans la plaine centrale de la Birmanie, sur la rive gauche du fleuve Irrawaddy, sommeille une cité dédiée au Bouddha. Dissimulés dans les arbres se dressent des milliers de pagodes, temples, monastères ; époustouflantes vestiges de l’ancienne Pagan, capitale du premier empire birman du IXe siècle au XIIIe siècle. Toits dorés, flèches immaculées, édifices massifs et imposants. Grandioses fondations, héritage royal. Sanctuaires humbles et parfois rudimentaires. Trois siècles de ferveur religieuse et de dévotion pour « l’illuminé » ont façonné un ensemble singulier, jadis une cité glorieuse, aujourd’hui un lieu magique.

 

Pagodes par milliers, Bagan, Myanmar, décembre 1999.

 

Notre vol de Yangon à Bagan, appellation actuelle de Pagan, est prévu pour six heures et demi du matin ! À l’aéroport règne le chaos, mais notre avion quitte le tarmac à l’heure prévue et nous atterrissons cinquante minutes plus tard. Nous trouvons un taxi et dès que nous quittons l’enceinte de la minuscule aérogare nos yeux découvrent un spectacle irréel. L’immense plaine entourée de collines arides se dévoile tel un mirage. En cette saison, après la mousson, la végétation est très verte, très dense. Dispersés au milieu des arbres apparaissent d’innombrables monuments, stupas et temples de briques rouges, leurs faîtes impressionnants s’élançant vers un ciel immuable, bleu intense. L’ensemble est saupoudré de petits sanctuaires plus simples mais rivalisant de sincérité. Beaucoup d’édifices sont en ruine, poignante réalité d’un trésor en perdition.

 

L’hôtel Bagan est situé dans le village Old Bagan, sur les rives de l’Irrawaddy, près d’une pagode. Les chambres, dont architecture marie le teck et la brique, sont dispersées dans un immense jardin. C’est un des hôtels les plus anciens de Bagan. Il fut construit au début des années 1980 et servit de décor à de nombreux films. Bagan est composé de trois villages : Nyaungoo au nord, Old Bagan au centre, et Thiripitsaya ou New Bagan au sud. Ce dernier est un gros bourg né d’une paranoïa gouvernementale puisqu’en mai 1990 la junte militaire a ordonné aux habitants de Old Bagan, centre de la zone archéologique, de quitter les lieux, sans être indemnisés bien sûr. En moins d’une semaine, cinq mille deux cent Birmans, qui y vivaient depuis des générations, furent contraints de déménager, emportant maisons et biens. Les raisons officielles de ce déplacement forcé étaient d’offrir à la population de meilleures conditions de vie. La réalité relève des ambitions du développement touristique car dans la zone furent construits quelques hôtels. En termes d’investissement direct de l’étranger, le tourisme est un des secteurs les plus lucratifs pour la Birmanie et les revenus du tourisme profitent d’abord aux généraux. Parallèlement, cette mise à l’écart de la population permet de réduire tout contact des Birmans avec les étrangers, liens avec le monde extérieur et colporteurs d’idées démocrates.

 

Le site s’étend sur quarante kilomètres carrés. Il est parcouru de chemins de terre rouge, voies menant au sacré. Pour la découverte de Bagan et ses milliers de temples et pagodes, nous décidons de louer pour trois jours les services d’un horse cart, carriole à cheval. Zaw Zaw, notre cocher, est un jeune Birman qui parle anglais et avec qui nous sympathisons immédiatement. Dans les guides, les sanctuaires les plus importants sont décrits. Mais il y en a tellement qu’une visite systématique nous semble impossible. Voulant découvrir ce lieu magique de manière détendue et détachée, nous laissons champ libre à Zaw Zaw pour nous montrer Bagan, royaume légendaire.

 

Selon l’ouvrage historique intitulé « Chronique du palais de Cristal », Bouddha, après son illumination, aurait prédit la naissance de Pagan dans une prophétie faite à son cousin Ananda. Il lui déclara : « 651 ans après mon parinirvâna, nirvana final, un grand royaume verra le jour à cet endroit. La présence du héron blanc et de la corneille noire signifie que beaucoup de gens pratiqueront la charité et la vertu dans ce royaume. Bien sûr il y aura aussi de mauvaises gens sans vertu. La présence de l’esprit signifie que les habitants de ce royaume ne pratiqueront pas l’agriculture, mais vivront du commerce et que leurs paroles ne seront pas celles de la vérité mais du mensonge. Quant au petit crapaud accroupi au pied de l’arbre, il signifie que les gens seront heureux. Pendant le règne du fondateur, un grand oiseau, un tigre, un sanglier et un écureuil volant usurperont le pouvoir. Mais un prince plein de puissance et de courage vaincra l’oiseau, le tigre, le sanglier et l’écureuil… »

 

Dominé par deux puissants voisins, l’Inde et la Chine, la Birmanie a, toute au long des siècles, accueillie hommes, croyances et marchandises. Dès le premier millénaire, le bouddhisme et l’hindouisme arrivent en terre birmane et se fondent aux cultes des esprits et des ancêtres. En 849 est fondée Pagan par la réunion de dix-neuf villages habités par les ethnies les plus répandues du pays ; les Pyu, les Môn et les Birmans. La cité s’appelle Arimaddanapura, « la ville qui écrase ses ennemis ».

 

La chronologie des rois de Pagan débute en 1044 lorsqu’Anawratha (1044-1077) monte sur le trône. Il se dote d’une puissante armée, basée sur la cavalerie et l’éléphanterie, allie les villages portuaires prospères au bord de l’Irrawaddy et crée une flotte pour étendre son empire et propager le bouddhisme. Le vénérable moine Shin Arahan intègre le culte des nats dans la religion officielle. Il persuadera le souverain de revendiquer son pouvoir au nom du « Tipitaka », recueil de textes fondateurs sur lesquels s’appuie le courant bouddhiste theravada. Le roi, à la tête de son armée, part en pays môn à la recherche des saintes écritures. Il les ramène à Pagan sur trente-deux éléphants blancs. La ville se voue alors officiellement au bouddhisme theravada, « doctrine des Anciens », appuyé sur les nats ; esprits vénérés, et génies locaux. Dès lors est lancée la construction des monuments bouddhistes, le premier étant le Shwesandaw, Temple d’Or des Cheveux. Il fut construit par le roi pour abriter les cheveux de Bouddha pris aux Môns. Anawratha contrôle l’ensemble du territoire birman mais ne s’arrête pas là. Il étend son empire de l’est à l’ouest, du Cambodge à l’Inde, incluant le Laos et l’actuelle Thaïlande. Commence l’âge d’or de la Birmanie, centrée autour de sa capitale Pagan. Depuis, les souverains de Pagan ne cessèrent de construire des sanctuaires afin d’accumuler de leur vivant les mérites qui détermineront leur réincarnation.

 

La capitale birmane, grâce à sa position géographique sur les rives du fleuve, devient un carrefour des échanges commerciaux, fluviaux et terrestres, entre le nord et le sud, l’océan indien, l’Inde et la Chine. Cosmopolite, elle compte jusqu’à cent mille habitants et vit d’agriculture et de commerce. À son apogée le tissu urbain que devait présenter la cité consiste en de milliers de pagodes de briques côtoyant constructions civiles ; palais, résidences et bâtiments administratifs en matériaux plus légers et plus périssables comme le bois. La cité royale, entourée de murailles et de douves, possède deux ports dont l’un destiné uniquement aux barges royales qui naviguent directement du palais.

 

La glorieuse histoire de Pagan prend fin au XIIIe siècle. La ville a toujours su faire face aux séismes, aux incendies, aux crues de l’Irrawaddy, mais elle doit s’incliner face au déferlement des troupes mongoles de Kubilaï Khan en 1287. Étonnamment, si la cité est dévastée, les sanctuaires sont épargnés. Mais la décadence du pouvoir, la fuite du roi et le déplacement de la capitale vers Ava au nord-est, ainsi que l’abandon des ports, marquent le déclin de la ville. Délaissée par la cour, Pagan n’est pas pour autant abandonnée ou oubliée. Elle redevient un simple village mais reste un important site de pèlerinage. Les villageois et les moines des monastères continuent à entretenir les sanctuaires. Néanmoins, le passage du temps, les siècles de climat tropical et les moussons finissent par anéantir les constructions légères. Subsistent les édifices religieux, en brique et en pierre, reconstruits soigneusement après chaque séisme et après chaque crue du fleuve. Temples, pagodes et monastères, un grand nombre en ruine, certains en parfait état de conversation témoignent des splendeurs du passé. Une cité éprouvée mais invincible.

 

La plupart des monuments sont construits en brique, entièrement recouverts d’un enduit blanc qui a souvent disparu au cours des siècles. Les encadrements de portes et de fenêtres sont raffinés avec des jambages ornés de volutes, d’animaux et de fleurs, et un tympan polylobé inséré dans la représentation d’une tour. Le décor extérieur des terrasses et les cloches des stûpa est composé de plaques de pierre ou de terre cuite, émaillées ou non, sculptées de huit signes auspicieux du bouddhisme ; parasol, conque, couple de poissons, urne aux trésors, lotus, nœud éternel, bannière et roue, ou de scènes de la légende du Bouddha. Jadis, l’intérieur des temples était entièrement peint de couleurs vives. Rosaces, symboles bénéfiques, scènes narratives ou cosmologiques, motifs floraux et animaux fantastiques : images de l’immensité de l’univers. De toute cette magnificence ne subsistent que des fragments. Ce que les éléments ont épargné a été dévasté par le vandalisme ou dérobé par des chasseurs de trésors. Pourtant les monuments d’importance sont entretenus, restaurés et vivants. Ce sont les passages obligés de Bagan, fierté de ses habitants, le must pour les touristes. Les allées menant à ces sanctuaires sont bordées de boutiques où se côtoient Birmans et touristes. Les uns vêtus du traditionnel longyi, sorte de sarong porté par les hommes et les femmes, les autres en bermuda et t-shirt. L’animation est grande. La ferveur aussi, commerciale mais surtout religieuse. Mingalaba, « bénédiction sur vous », résonne. Zaw Zaw nous présente des amis, des cousins, puis nous laisse visiter.

 

L’imposante masse blanche du temple Ananda domine la steppe aride couverte d’épineux. Chef-d’œuvre de l’architecture môn, édifié par le roi Kyanzittha en 1091, c’est le sanctuaire le plus vénéré de Bagan. Originellement dédié à la « sagesse infinie » du Bouddha, « Ananta Pinya », le temple est d’inspiration indienne. Nous nous déchaussons et pénétrons à l’intérieur où règne une fraicheur agréable. Contrairement aux pagodes qui seront édifiées plus tard, le temple Ananda, en forme de croix grecque, abrite des salles où trônent des sculptures monumentales. Un pilier central est creusé de quatre niches abritant quatre bouddhas debout, face aux quatre points cardinaux.
D’une hauteur de dix mètres, ils sont visibles dans l’enfilade des vestibules dans la lumière des ouvertures. Le toit est formé de six terrasses successives, dominées par un sikhara, tour-sanctuaire de type indien. Un stûpa très effilé, recouvert d’or et d’une hti, ombrelle, culmine à cinquante-cinq mètres. La base du temple est décorée d’une double rangée de plaques de terre cuite illustrées de scènes des Jakata, récits des vies antérieures du Bouddha.

 

Dans le village de Nyaungoo, trône la pagode Shwezigon, le plus important reliquaire de Bagan. L’immense stupa doré repose sur trois terrasses de briques décorées de scènes des vies antérieures du Bouddha. De nombreux petits temples et pagodes entourent le sanctuaire. La flèche coiffée d’une magnifique ombrelle s’élance vers le ciel. La pagode Shwezigon fut construite au XIe siècle par le roi Anawrahta pour abriter un os de la mâchoire et une dent du Bouddha.

 

La pagode de Mingalazedi, Stupa de la Bénédiction, est le dernier sanctuaire construit avant la chute de l’empire de Pagan. Bâtie au milieu du XIIIe siècle à l’initiative du roi Narathihapati, dix ans avant l’arrivée des mongoles, elle est entourée d’une légende. Les astrologues avaient prédit que lorsque la pagode serait finie, le pays serait ruiné. Les travaux seront interrompus à plusieurs reprises mais finalement le roi décida de passer outre pour accomplir son travail de mérite. Dix ans plus tard, le roi abandonne la cité aux mains des mongoles. La magnifique pagode, en forme de cloche, est posée sur une base carrée. Sur chaque côté, un large escalier très abrupt permet d’atteindre les différentes terrasses décorées de centaines de bas-reliefs en terre cuite vernissée.

 

En dépit de la majesté de ces monastères nous éprouvons peu d’émotion. Ils semblent trop beaux, trop parfaits, trop « neufs ». L’atmosphère n’y est pas sereine. Trop de monde, trop de bruit, trop de superflu. Nous sommes plus touchés par les nombreux édifices négligés perdus dans la campagne, éloignés et ignorés. Les stupas aux façades fissurées, les temples aux couloirs effondrés, les monuments affaissés. Le silence. Le salut sincère d’un paysan et la compagnie spontanée d’une fillette. Monter en tâtant les murs des escaliers obscurs pour aboutir sur une terrasse écrasée par le soleil. Une course effrénée pour échapper à une nuée de chauves-souris dans les ténèbres d’un temple en partie écroulé. Découvrir une image de bouddha à moitié effacée, un battant de porte sculpté. Des moments de quiétude à l’ombre d’un acacia. Ce sont ces instants, profondément émouvants, que nous chérissons.

 

Zaw Zaw nous invite chez lui, dans le village des cochers, Taung Be. Il vit avec ses parents et ses frères et sœurs dans une maison sur pilotis, aux murs en paille tressée, un sol en bambou, un toit en feuilles de palmier. Elle ne contient qu’une seule pièce que partage la famille. Ces habitations ne supportent pas bien la mousson mais sont facilement reconstruites. Ceux qui en ont les moyens les construisent en bois ; de belles demeures sur pilotis, accessible par un escalier, le toit et les fenêtres souvent ornés de sculptures. Dans le petit village se baladent poules, buffles et cochons. En dépit des conditions de vie rudimentaires et ancestrales et un régime militaire opprimant et oppressant, ce qui frappe en permanence c’est l’hospitalité et la joie de vivre des Birmans, leur sourire, leur gentillesse.

 

Pendant trois jours nous évoluons dans un lieu hors du temps. Zaw Zaw nous dépose devant temples et pagodes, grands ou petits, restaurés ou en piteux état. Nous nous déchaussons, visitons, déambulons. Nous nous inclinons devant des statues de bouddha, traversons d’obscurs couloirs. Nous enjambons des tas de briques écroulées, explorons les entrailles des sanctuaires et des terrasses exposées au soleil. Nous saluons respectueusement des moines drapés d’étoffes orange ou jaune, glissons quelques kyats dans des boîtes à aumônes, admirons les reliefs retraçant la vie de bouddha. Et d’innombrables fois nous grimpons des hautes marches qui nous mènent vers les toits ou terrasses des édifices. Et chaque fois la vue est époustouflante, changeante suivant la position du soleil.

 

Depuis les hauteurs, le paysage est fantastique, l’horizon irréel. À l’aube, émergeant des brumes matinales, la plaine baigne dans un voile orange et une succession de toits dentelés se dessinent dans la lumière tendre du jour naissant. À midi, quand le soleil est au zénith et le ciel blafard, les sanctuaires se distinguent nettement, dispersés dans les champs rouge, ocre et vert. Au milieu de l’après-midi, Zaw Zaw monte avec nous pour échapper à l’heure la plus chaude de la journée et c’est à l’ombre d’un toit ou d’un muret que nous discutons. Et à chaque crépuscule, nous nous retrouvons perchés sur les toits des pagodes près des rives de l’Irrawaddy, le « fleuve des éléphants ». Ses eaux sont étincelantes, les montagnes cernant la plaine font penser à des remparts. Et, d’où que l’on soit, domine le temple de Thatbyinnyu, le plus haut monument du site, œuvre de dentelle blanc dont la transparence fusionne avec le ciel éthéré. Pendant ces moments d’éternité, la vie est suspendue.

 

Les objets en laque sont caractéristiques de la région de Bagan où cet artisanat s’est développé à partir du XIIe siècle. La laque est une résine naturelle, généralement toxique, que l’on récolte en incisant la base du tronc d’une des trois espèces de laquier, arbuste endémique d’Asie. La sève résineuse de couleur grisâtre est ensuite filtrée et colorée, souvent avec de l’oxyde de fer pour obtenir un noir profond. La préparation ne devient de la laque qu’une fois appliquée sur un support ; des objets façonnés en bambou, mais parfois, pour les objets les plus fins et les plus délicats, du crin de cheval. Le procédé de laquage est complexe et extrêmement long car la qualité  dépend du nombre de couches, de cinq à sept et jusqu’à vingt-deux, et du temps de séchage entre chacune d’entre elles qui peut prendre plus d’une semaine, suivant la saison, sèche ou humide. Après chaque passage au séchoir, on procède au lavage et au ponçage. Au fur et à mesure que l’on ajoute des couches, le mélange est de plus en plus fin et on y ajoute aussi parfois d’autres matières, comme de la poudre d’os ou de l’or. Les objets sont ensuite colorés avec des pigments naturels. La dernière étape est la décoration des objets laqués. Les gravures sont faites à la main, à l’aide d’un stylet et d’un pinceau, un travail d’orfèvre qui peut prendre des semaines.

 

Le village de Seingong, situé au milieu des pagodes, est le village des laquiers. Nous nous rendons dans un atelier de laque où le processus de la fabrication nous est expliqué. Bien sûr il y a la boutique. Boîtes à bétel, bols à aumône, vaisseaux à offrandes, objets magnifiques, souvent neufs, parfois ancien. Depuis notre arrivé en Birmanie, nous avions remarqué des magnifiques récipients en laque rouge ou noire, vaisseaux à offrandes utilisés pour la présentation de nourriture au temple. Philippe, connaissant mon penchant pour des choses encombrantes, a, jusque-là, réussi à me convaincre qu’il n’est pas raisonnable de s’encombrer avec de si volumineux objets puisque nous allons voyager pendant encore un mois à travers la Birmanie, la Thaïlande, le Cambodge et le Laos. Je finis par lui faire changer d’avis. Nous voilà enrichis de deux vaisseaux à offrande du début du XXe siècle. Un « Ok Khwet », à plusieurs plateaux cannelés superposés et le couvercle en coupe, en laque noire, et un « Hsun Ok », rappelant un stupa avec le haut en forme d’urne, caractéristique de ce type d’objet, recouvert de laque rouge. Une boîte à bétel complète notre collection. Comment allons nous transporter tout cela ? On envisagera le temps venu. Quand arrive le moment de régler nos achats, une liasse de kyats à la main, le vendeur nous demande si nous n’avons pas « autre chose ». Il insiste : « quelque chose ».

 

Car les Birmans aiment le troc. Cela s’explique par un usage de la monnaie relativement récente et l’absence de produits importés. Souvent, les marchants proposent d’échanger des objets artisanaux, broderies, tongs ou pierres précieuses contre parfums, savons, shampoing, montres, lunettes, produits de beauté, rouge à lèvres, vernis à oncle, lampes électriques ou vêtements. Tous ce qui est introuvable dans le pays. Une torche Megalite étanche fera le bonheur du marchand.

 

Dernier soir. Dernière pagode. Une dernière escalade vers une terrasse. La cité s’étend devant nous, vision d’une chimère. Le soleil sur le point de sombrer derrière l’horizon noie le paysage dans une lumière orangée gorgée de poussière dessinant ombres et reliefs. Au milieu de la végétation apparaissent stupas et temples, leurs flèches au-dessus des arbres. Une forêt de pyramides de pierres, lieux de dévotion, qui se fond dans l’infini, cernée par des montagnes et le ruban argenté du fleuve. Tout le mystère de la Birmanie se dévoile ici, en cet instant, magie insolente.

 

© Texte & photo : Annette Rossi.

Image : La pagode Shwezigon, Nyaungoo.

 

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