Une immersion en Arménie et en Haut-Karabagh. Juin 2009.
« D’Erebouni à Yérévan ».
Loin de l’image des villes austères et sans âme de l’ancienne République soviétique, Yerevan est une ville agréable, pleine de vie, qui se libère peu à peu des symboles du régime communiste.
Pendant plusieurs jours nous découvrons les traces qu’ont laissée ses occupants successifs. Le site archéologique d’Erebouni dévoile les origines ourartéennes de la cité. La mosquée Goy rappelle la période perse. La gare, l’opéra et de nombreux bâtiments publics sont des réminiscences de l’époque soviétique. Autour de la place de la République, anciennement appelée place Lénine, de somptueux immeubles aux courbes qui épousent la forme de la place sont construits en tuf ocre et rouge et ornés de sculptures raffinées. Dans la Matenadaran est préservé la plus grande collection de manuscrits et de documents anciens au monde. Devant le bâtiment austère, gris ardoise, trône une statue de Mesrop Machtots, créateur de l’alphabet arménien en 405. Un arrêt à l’église Sourp Sarkis, puis nous longeons les gorges de Hrazdan pour finalement bifurquer vers le centre-ville.
Nous nous baladons, nous flânons, entourés de la chaleureuse population. Nous nous laissons tenter par les délices proposés au marché Pak Shuga. Nous nous installons sur une terrasse pour boire un café, la « boisson maudite » donné par le Diable aux musulmans pour les consoler de ne pouvoir boire le vin, boisson sacrée du Christ. Le café fut démocratisé en Occident au XVIIe siècle par le pape Clément VIII en déclarant que « l’arôme du café est chose bien trop agréable pour être l’œuvre du Malin et il serait dommage que les musulmans en aient l’exclusivité. Jouons un tour à Satan… en le baptisant ! ».
Les Arméniens apprécient beaucoup le café mais, surtout, ils savent le préparer. Les Arméniens Georgièsse Déodatous, Hovhannes Astvatsatour et Pascal Kharokian seront les premiers à servir le café à Prague, Vienne et Paris. Le serveur se présente. « Barez dzez », bonjour ! « Barez dzez, pari galasud », bonjour, bienvenue. « Deux cafés ». « Café arménien ? ». Nous hochons la tête. Le café est servi dans une petite casserole de cuivre, « cezve ». Nous attendons que le marc se dépose avant de verser le breuvage brûlant dans les petites tasses. Ce café de type oriental est généralement appelé « café turc » car il s’est développé dans l’Empire ottoman. Terme qui ne nous viendrait pas à l’idée d’utiliser ici, en Arménie…










