Une immersion en Arménie et en Haut-Karabagh. Juin 2009.
« Le puits profond de saint Grégoire. 1/2. »
L’horizon est barré par la montagne biblique, gigantesque masse enneigée dominant la plaine. Quelques nuages flottent dans le ciel et autour du sommet. Puis, semblant tout petits, dominés par la silhouette tutélaire de l’Ararat, hissés au sommet d’une éminence rocheuse, se dessinent les remparts du monastère de Khor Virap, « puits profond ».
Le tambour élancé et la coupole conique de l’église dépassent les murailles, élégant détail typique de l’architecture arménienne, émouvant dans sa simplicité, admirable par sa complexité, double du sommet pyramidal parfait du Petit Ararat, haut de 3925 mètres, cône volcanique irréprochable.
La route longe un cimetière envahi par des herbes folles et grimpe la côte vers la sixième colline de la ville haute de l’ancienne Artashat. Nous passons le portail et après avoir stationné la voiture à l’ombre des remparts, nous franchissons le porche et pénétrons dans la cour du monastère. Au centre se dresse l’église Sainte-Mère-de-Dieu, Atvatsatsin, construite sur un plan en croix inscrite précédée par un gavit, une sorte de narthex propre aux églises arméniennes.
Nous grimpons sur les remparts. Le mont Ararat se dresse devant nous, majestueux, sa présence presque palpable. Le mont Ararat se dresse devant nous, majestueux, sa présence presque palpable, témoin muet de la naissance du christianisme dans le royaume.
À la fin du IIIe siècle, sous le règne de Tiridate III, Grigor Loussavoritch Hayrapet vient évangéliser l’Arménie. L’apôtre refuse d’honorer la déesse Anahita et sur les ordres du roi, est torturé et jeté dans un puits profond, khor virap. En 301, Tiridate souffre d’une maladie incurable. Un songe souffle alors à la sœur du roi que le saint missionnaire Grigor, précipité treize ans plus tôt au fond de la fosse, pourrait le guérir. Rétabli miraculeusement, touché par la rédemption, converti, Tiridate libère Grigor, ou Grégoire, et proclame le christianisme religion d’État. Il fait ainsi de l’Arménie la première nation chrétienne de l’histoire. Grégoire, nommé catholicos d’Arménie, devient « l’Illuminateur ».




