Une immersion en Arménie et en Haut-Karabagh. Juin 2009.
« Le temple de Garni. »
Sur fond de montagnes, Garni est située dans un écrin de verdure à 1400 mètres d’altitude dans la haute vallée de l’Azad. Datant du Ier siècle de notre ère, le temple, de style gréco-romain, est une élégante construction de basalte gris clair posée sur un haut podium et entourée de vingt-quatre colonnes d’ordre ionique.
Autrefois dédié au dieu Mithra, le dieu Soleil, c’est le seul vestige païen ayant survécu à la destruction massive des centres de paganisme commanditée par Grégoire l’Illuminateur après la conversion de l’Arménie au christianisme. La nouvelle religion conféra à Garni le statut de siège épiscopal et une église circulaire dont ne subsiste que ruines fut édifiée, mais, étrangement, le temple fut épargné. Une hypothèse suggère qu’il s’agirait d’un tombeau et non pas d’un sanctuaire, ce qui l’aurait sauvé.
Il s’effondre lors d’un séisme en 1679 mais est reconstruit dans les années 1969-1975.
Le temple au fronton triangulaire est entouré d’un péristyle. Les fûts lisses des colonnes sont surmontés de gracieux chapiteaux ioniens à volutes. Les sculptures des chapiteaux, architraves, corniches et caissons montrent une grande variété de frises d’acanthes, d’oves, de grenades, de vignes, de feuilles de laurier et de noyer ainsi que de têtes de lion.
Je monte les marches vers le podium. Établi sur un promontoire triangulaire, le temple surplombe les gorges aux falaises vertigineuses de la rivière. La vue est époustouflante.
Je passe le seuil. L’intérieur est très sobre. Au fond de la salle, dans le naos, le saint des saints, trône une seule chapelle au fronton triangulaire. Jadis, elle comportait probablement la statue de la divinité. Je m’approche de cette mystérieuse niche vide. Je me demande de quoi avait l’air la représentation du dieu, de quelle matière était-elle faite ? Quelles cérémonies ici se déroulèrent ? J’imagine les flammes des torches qui illuminaient le sanctuaire, les volutes de l’encens s’élevant sous la voûte, les incantations des prêtres…
Dehors, le soleil est au zénith. Sur le point de quitter les lieux, je me retourne. Un dernier regard vers un édifice énigmatique, un survivant du temps.







