Une immersion en Arménie et en Haut-Karabagh. Juin 2009.
« Geghard, le monastère Saint-Lance. 2/2. »
Après avoir poussés la porte, nous nous retrouvons baignés dans l’atmosphère étrange, presque éthérée, du gavit, sorte de narthex. De robustes piliers scandent l’espace, d’élégantes arcades brouillent les sens. D’étroites fenêtres et l’erdik, le lanternon, déversent des faisceaux de soleil sur les sculptures. L’intérieur est épuré, obscur. Il porte une grande influence orientale. Les bas-reliefs sont raffinés. Entre ombre et lumière règne le silence, presque palpable. Dans de grands porte-cierge, plantés dans du sable, vacillent les flammes d’innombrables petites bougies jaunes. Une mère, son enfant dans les bras, allume un cierge, fait une prière, nous lance un sourire.
Du gavit à l’église, de la chapelle au mausolée, je m’attarde, j’observe. Je marche sur des dalles de pierres noires usées par les pas des fidèles, je traverse des seuils inégaux. C’est noir, très noir, mais loin d’être sinistre, au contraire, c’est une noirceur qui prête à la réflexion.
J’admire une icône en précaire équilibre sur un rebord. Je suis touchée par une toute petite croix rouge déposée dans une niche et je me demande qui a pu la laisser là et pour quelle raison. Quelle requête est derrière ce geste si simple, si pur, si… évident ? Je lève le regard vers l’erdik qui laisse pénétrer un étroit rayon de lumière. Je cherche et je trouve l’âme de ce sanctuaire sombre. Je suis envoûtée par ce lieu empreint d’une profonde dévotion.










