De Xi’an à Tabriz. Octobre/novembre/décembre 2002 – mai/juin 2005.
« Gaochang et le royaume de Kharakhoja ».
À l’ombre des monts Flamboyants, dans le nord du désert du Taklamakan, Gaochang se livre somptueusement. Antique capitale de la région de Turfan, c’est à partir d’ici que le bouddhisme s’est introduit en Chine quand, au VIIe siècle, le moine Xuanzang, de retour d’Inde, y disperse son enseignement. À travers le roman classique « La Pérégrination vers l’Ouest » il devient un personnage historique célèbre.
Au IXe siècle, les Turcs ouïghours fondent le royaume de Kharakhoja avec Gaochang comme capitale. Trois principales religions y coexistent : le manichéisme, le bouddhisme et le christianisme nestorien.
D’impressionnantes murailles de briques en terre crue protègent la cité. De 11 m de hauteur et d’une épaisseur de 12 m, elles forment un carré de 5 km de long percé de neuf portes aux quatre points cardinaux. Sculptés par les intempéries, modelés par le vent, détruits par des catastrophes naturelles et ravagés par le pillage, effrités et désagrégés, remparts, temples, monastères, palais et habitations se sont transformés en œuvres d’art contemporaines aux formes étonnantes. Ruines fantomatiques d’une ville, autrefois luxuriante oasis sur la route de la soie.
Nous déclinons les services d’un char tiré par un âne et explorons à pied cet immense terrain vague aux allures de Far West. La lumière pâle de l’hiver ne donne pas d’ombres et le moindre souffle d’air soulève des nuages de poussière. Les vestiges se fondent et se confondent en une image floue d’une étonnante unité de couleurs terrestres. Nuances riches et chaleureuses, alliance des éléments fondamentaux.
Aujourd’hui le rare touriste trouve quelques habitants des villages des alentours qui tentent d’arrondir leur fin de mois. De jeunes garçons proposent leurs services comme guide ou cocher, des fillettes aux joues rouges vendent clochettes et amulettes, le tout sous le regard amusé et bienveillant des hommes aux visages burinés, calottes hexagonales brodées enfoncées sur la tête. Impressions de temps révolus…






